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LE COUPLE AU JARDIN

renseignements qu’elle désirait, sans avoir l’air de rien demander. En trois jours, elle avait appris que la famille Galliane était « tout ce qu’il y a de mieux entre Hyères et Toulon ». Elle avait appris les circonstances tragiques de la mort du père ; elle savait que Nérée avait été un brillant officier d’aviation avant de se consacrer à sa terre ; que le domaine rapportait de gros revenus et que les maîtres avaient les mains largement ouvertes pour secourir toutes les infortunes. Elle savait enfin que le jeune couple avait fait un mariage de grand amour, qu’ils avaient un petit enfant adorable et que leur vie — disait la femme de Ramillien — était « tissée d’or et de soie ».

Oh ! oh ! dans les plus somptueux tissus, un regard clairvoyant finit toujours par découvrir quelque manque. Ce serait à voir…

Parmi le personnel du domaine, Diane avait promptement distingué Carini. Quelle allure ! quelle noblesse de lignes ! quel beau profil romain ! Malheureusement, cet Antinoüs était muet comme une carpe. Si la jeune femme lui adressait la parole, il semblait malheureux à faire pitié et remettait sournoisement Rouan en marche pour avoir un prétexte à s’éloigner.

Un soir que Mme Horsel avait aventuré ses souliers à hauts talons dans le chemin caillouteux de Saint-Pierre d’Almanarre qui contourne le domaine, elle découvrit la grande vigne et l’oliveraie des Galliane. Nérée en sortait.

— Quoi ! fit-elle, vos terres se prolongent jusque là ? Mais c’est le domaine du marquis de Carabas !

— Non, madame, mes terres me donnent beaucoup plus de peine que celles du conte n’en coûtaient au