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YVETTE PROST

Chat-Botté. La vigne exige des soins incessants, qu’elle ne paie pas toujours.

— Et là-bas ? Ce sont des oliviers ? Peut-on les voir de près ?

— Je vous en prie. Mais, en ce moment de l’année, tout cela est encore en sommeil.

Ils allaient maintenant côte à côte entre les lignes de ceps nus ; Diane, disposée à tout admirer ; Nérée, de belle humeur parce qu’il achevait une journée de bon travail. Parvenus à l’oliveraie, ils s’arrêtèrent pour contempler l’horizon : au sud, la mer ; à l’est, les hangars du centre d’aviation maritime ; à l’ouest, les jardins, à perte de vue.

— En me promenant, ces jours-ci, dit Mme Horsel, j’ai aperçu des jardins magnifiques.

— Très beaux et très anciens, sans doute, comme l’indique le nom de Saint-Pierre-des-Horts. Pomponiana devait posséder un grand nombre de villas fleuries, au temps où un aqueduc romain amenait jusqu’ici les eaux de San-Salvadour. Nos arbres et nos fleurs puisent leur sève en un humus millénaire. Dans quelques semaines, vous découvrirez la richesse et le charme des jardins de Pomponiana.

— Oui, ce doit être une halte délicieuse. Une halte… Mais j’imagine difficilement une vie entière se déroulant ici.

— Et pourquoi non ? Nulle atmosphère n’est apaisante comme celle des jardins. Les rumeurs inquiètes qui passent sur le monde se fondent en murmures au-dessus de nos tranquilles ombrages. Pas de passions dévorantes dans l’âme d’un homme incliné tout le jour sur la vie végétale. Un beau jardin suffit à absorber l’activité d’un homme, à justifier son effort, à conten-