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YVETTE PROST

Toujours en quête d’un bon sujet de « copie », elle avait décidé d’écrire une étude historique et poétique sur Pomponiana. Elle s’y était mise avec beaucoup d’ardeur ; et ce lui était un prétexte d’aller interroger Nérée Galliane, inépuisable sur le chapitre des antiquités de l’Almanarre.

Ainsi le séjour de Mme Horsel en ce coin du Var se placerait, comme ses heures les meilleures, sous le double signe d’un projet littéraire et d’une tentation. Le projet : cet ouvrage inspiré par Pomponiana ; la tentation : Nérée Galliane.

Le jeune homme lui apparaissait comme la personnification achevée de cette terre provençale ardente et sereine. Tout en lui était robuste équilibre, harmonie et finesse. Mais sous sa sagesse et sa mesure, il était aisé d’apercevoir la passion latente, les éclairs de fantaisie, quelque chose de frais et piquant à la fois comme la saveur du citron et le parfum de l’origan.

« Ah ! qu’il me plaît ! »

Elle s’était surprise à parler à haute voix. En un redressement brusque, elle se leva, revint sur ses pas, se détournant de la mer dispensatrice de rêve. Le soleil, déjà haut dans le ciel, faisait passer des zébrures d’émeraude sur la toison sombre des Maurettes et jetait de vives clartés sur les murs blancs des villas et des sanatoriums ; des vols de mouettes et des vols d’avions rayaient le ciel aux tons de pastel.

« Qu’il ferait bon être heureuse aujourd’hui ! » soupira Diane.

Pour s’insinuer dans l’intimité des Galliane sans courir le risque d’être importune, Mme Horsel avait d’abord épié les heures de sortie du jeune ménage.