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LE COUPLE AU JARDIN

Elle était sûre, alors, d’être accueillie avec plaisir par la vieille dame qui aimait la conversation. Diane s’était facilement gagné ses sympathies en lui vantant la beauté de son domaine, les vertus de ses enfants, la gentillesse irrésistible de son petit-fils.

Auprès de cette jeune femme qui savait si bien écouter, la vieille maman se laissait volontiers aller à ses souvenirs. Elle parlait de ses belles années, du mari qu’elle avait tant aimé, de l’enfance de son fils, du grand bonheur qu’avait été l’arrivée de Blanche dans la maison. Elle contait incidemment mille riens de la vie quotidienne, d’après lesquels l’enquêteuse professionnelle pouvait reconstituer par petites touches les deux visages des absents.

Lorsque Blanche et Nérée rentraient, ils apprenaient que leur belle locataire était encore venue en leur absence, et entendaient louer son esprit, son tact, sa discrétion.

Peu à peu, on se rencontra davantage ; puis Mme Horsel avoua sa passion du bridge et son goût vif pour le ping-pong : alors on se réunit souvent le soir.

Diane apportait surtout ses soins à plaire à Blanche, lui adressant des louanges délicates, se rangeant toujours à son avis, parlant d’elle avec admiration dès qu’elle avait le dos tourné. Elle disait volontiers au jeune mari :

— C’est pour moi un véritable plaisir d’art que regarder marcher Mme Galliane.

Ou encore :

— Le teint de Mme Galliane ferait mourir de dépit les habituées des instituts de beauté. Pouvoir se moquer des fards, quel triomphe !