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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/122

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au sort. Ceci est du travail en commun ; ce sera de l’association, si vous voulez : ce n’est pas ce que nous demandons par ces mots : application de la mutualité au travail et au salaire.

Un village a été détruit par l’incendie ; tout le monde s’est dévoué pour conjurer le désastre : on a sauvé quelque mobilier, des provisions, du bétail, des outils. La première chose à faire est de relever les habitations. On s’unit de nouveau ; on se partage la besogne ; les uns creusent des fondations nouvelles, d’autres prennent pour eux la bâtisse, d’autres se chargent des travaux de charpente, menuiserie, etc. Tout le monde mettant la main à l’œuvre le travail avance à vue d’œil, et de nouveau chaque famille retrouve sa maison, plus grande et embellie. Chacun ayant travaillé pour chacun, et tous pour tous, l’assistance ayant été réciproque, on découvre dans le travail un certain caractère de mutualité. Mais ce mutuellisme n’a pu se produire qu’à une condition, savoir la réunion de tous les efforts, et la fusion, pour un temps, de tous les intérêts, de sorte qu’ici encore nous avons plutôt une association temporaire qu’une mutualité.

Pour qu’il y ait mutualité parfaite, il faut donc que chaque producteur, en prenant certain engagement vis-à-vis des autres, qui de leur côté s’engagent de la même manière vis-à-vis de lui, conserve sa pleine et entière indépendance d’action, toute sa liberté d’allure, toute sa personnalité d’opération : la mutualité, d’après son étymologie, consistant plutôt dans l’échange des bons offices et des produits que dans le groupement des forces et la communauté des travaux.