Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le groupement des forces, de même que la séparation des industries, est un puissant moyen économique ; et il en est de même, en certains cas, de l’association ou communauté. Mais rien de tout cela n’est de la mutualité ; rien de tout cela ne saurait résoudre le problème du travail libre et du juste salaire : et c’est de ce problème, c’est d’une application spéciale de la mutualité que nous avons à nous occuper en ce moment.

Pour arriver à ce but, nous avons à parcourir une route assez longue, et plus d’une idée à mettre en œuvre.

1. Depuis 1789, la France est devenue une démocratie. Tous sont égaux devant la loi, civile, politique et économique. L’antique hiérarchie a été mise à raz du sol ; le principe d’autorité s’est évanoui devant la déclaration des droits et le suffrage universel. Tous nous possédons le droit de propriété, le droit d’entreprise, le droit de concurrence ; en dernier lieu, on nous a donné le droit de coalition et de grève. Cette acquisition de droits nouveaux, qui jadis aurait pu passer pour rébellion ; ce progrès démocratique est un premier pas vers la constitution mutuelliste de la nation. Plus d’acception de personnes ; plus de priviléges de race ou de classe ; plus de préjugés de rangs : rien enfin qui s’oppose aux libres transactions entre tous citoyens, devenus égaux. L’égalité des personnes est la première condition du nivellement des fortunes, laquelle ne résultera que de la mutualité, c’est-à-dire de la liberté même.

Mais il n’est pas moins clair aussi que cette grande équation politique ne nous donne pas le mot de l’énigme : quel rapport entre le droit de suffrage, par exemple, et la