Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/168

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journées et instruments de travail et des subsistances ; qu’à cet effet, ce n’est pas une banque qu’il s’agit d’organiser, ce sont plutôt des magasins et des entrepôts ; enfin que toute avance de cette espèce devant être faite en vue d’une reproduction, c’est aux producteurs à organiser, au moyen d’un syndicat, leurs prestations les uns à l’égard des autres, à des conditions de bon marché impossibles à obtenir des manieurs d’argent.

On ne s’étonnera jamais assez de l’étrange fascination produite sur nos routiniers de la finance et nos prétendus économistes par l’argent. Lorsqu’en 1848 on s’occupa, dans l’Assemblée républicaine, de fonder le crédit foncier, sauveur de notre agriculture, on ne s’occupa que d’une chose : créer avec le moins de numéraire possible, la plus grande somme possible en billets de crédit ; absolument comme la Banque de France. Mais plus on y rêva, plus on rencontra de difficultés. D’abord personne ne voulut consentir à prêter ses écus à 3, 3 65 p. 0/0 d’intérêt au plus, de manière que le nouvel établissement pût les reprêter sur hypothèque à 5, 5 ½ ou 6, amortissement et frais d’administration compris, pour une durée de vingt à soixante ans. Puis, eût-on trouvé des prêteurs, à quoi cela eût-il servi ? L’hypothèque n’en eût pas moins fait son chemin, la dette agricole se serait accrue, de plus en plus irremboursable, et l’institution du crédit foncier aurait abouti à l’expropriation universelle, si, tandis que le revenu de la terre est de 2 p. 0/0, on avait persisté à emprunter à 5 et 6. La contradiction s’élevant ainsi des deux côtés, du côté des détenteurs d’argent, et du côté de la dette agricole, cette belle institution du crédit foncier, qui avait fait concevoir tant d’espérances, et dont la création