Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/174

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auteurs du Manifeste préconisent l’association, et la considèrent comme moyen puissant d’ordre, de moralité, de richesse et de progrès. Mais ni les uns ni les autres ne l’ont encore su reconnaître ; tous la nomment pêle-mêle avec la mutualité, plusieurs la confondent avec la communauté ; personne, en dehors des Codes civil et de commerce, dont au surplus les ouvriers se soucient peu, n’a su en démêler le caractère, utile ou nuisible ; personne surtout n’a reconnu les modifications qu’elle est appelée à recevoir dans le régime mutuel.

J’essaierai, autant qu’il est en moi, de répandre un peu de jour sur cet intéressant sujet, et, dans l’intérêt des sociétés ouvrières qui vont se développant de toutes parts et auxquelles une foule de notabilités politiques prennent le plus vif intérêt, de combler en peu de mots cette importante lacune.

J’appelle forces économiques certaines formules d’action, dont l’effet est de multiplier la puissance du travail fort au delà de ce qu’elle serait, si elle était laissée tout entière à la liberté individuelle.

Ainsi, ce qu’on appelle Division du travail ou séparation des industries est une force économique : il a été mille fois prouvé depuis A. Smith, qu’un nombre donné d’ouvriers rendront quatre fois, dix fois, vingt fois plus de travail, en se le répartissant entre eux d’une manière systématique, qu’ils n’auraient fait s’ils avaient travaillé chacun séparément, faisant tous la même tâche, sans s’entendre et sans combiner leurs efforts.

Par la même raison, ou plutôt par une raison inverse, ce que j’ai nommé l’un des premiers, force de collectivité, est