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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/189

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L’association mutuelliste est conçue dans un tout autre esprit. Elle admet, en tant que mutuelliste, tout le monde, et tend à l’universalité ; — elle est formée non pas directement en vue d’un bénéfice, mais d’une garantie ; — on n’est tenu d’y apporter ni argent, ni autres valeurs, pas même son industrie ; la seule condition exigée est d’être fidèle au pacte de mutualité ; — une fois formée, sa nature est de se généraliser et de n’avoir pas de fin.

L’association communiste, en tant qu’instrument révolutionnaire et formule gouvernementale, tend aussi à l’universalité et à la perpétuité ; mais elle ne laisse rien en propre aux associés, ni leur argent, ni leurs autres biens, ni leur travail, ni leur talent, ni leur liberté : c’est ce qui la rend à jamais impossible.

Les générations une fois transformées par la loi mutuelliste, rien n’empêchera qu’il continue de se former, comme à présent, des associations particulières, ayant respectivement pour objet l’exploitation d’une spécialité industrielle ou la poursuite, d’une entreprise, en vue d’un bénéfice propre. Mais ces associations, qui pourront même conserver leurs désignations actuelles, soumises les unes envers les autres et envers le public au devoir de mutualité, imbues du nouvel esprit, ne pourront plus se comparer à leurs analogues du temps actuel. Elles en auront perdu le caractère égoïste et subversif tout en conservant les avantages particuliers qu’elles tiennent de leur puissance économique. Ce seront autant d’églises particulières au sein de l’Église universelle, capables de la reproduire elle-même, s’il était possible qu’elle vint à s’éteindre.

— J’eusse bien voulu donner ici la théorie mutuelliste