avec laquelle ils ont protesté dans ces derniers temps contre le débordement du Pouvoir central ; de sorte que si, après tant de débats, de contradictions, de fatigue, de dégoût, il nous reste quelque chose de nos anciennes opinions, quelque étincelle de notre vieille ardeur politique, on peut, en dernière analyse, l’interpréter en faveur de l’Ordre contre la Liberté. Il règne en France, depuis douze ans, une véritable force d’inertie contre tout mouvement.
Il s’agit donc à ce moment, pour la Démocratie ouvrière, et je n’ai pas besoin d’insister sur la gravité de la question, de montrer comment, avec son principe de mutualité, elle entend réaliser la devise bourgeoise de 1830, Liberté-Ordre public, ce que la Démocratie républicaine de 1848 exprimait plus volontiers par ces mots : Unité et Liberté.
C’est ici que nous allons pouvoir contempler d’ensemble, dans sa haute portée et son grand caractère, cette Idée souveraine, par laquelle s’atteste, de la manière la plus triomphante, la capacité politique des classes ouvrières.
Considérons d’abord que l’esprit humain tend essentiellement à l’unité. Cette unité il l’affirme en toutes choses : dans la Religion, dans la Science, dans le Droit. Il la veut à plus forte raison en politique ; il la voudrait, si la chose n’impliquait une sorte de contradiction, jusque dans la Philosophie et la Liberté. L’Unité est la loi de tout ce qui a vie et qui est organisé ; qui sent, qui aime, qui jouit, qui crée, qui combat, qui travaille, et, par le combat de même que par le travail, cherche l’ordre et la félicité. L’absence d’unité a été conçue comme le principe du royaume satanique ; l’anarchie, la dissolution, c’est la mort. C’est par l’unité et en vue de l’unité que se bâtissent les villes, que les législations se