Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/200

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Eh bien, cette unité, si dégagée de toute gêne, si éloignée de toute exception, réserve ou intolérance ; cet ordre si facile, qu’on ne saurait imaginer d’autre patrie, d’autre séjour pour la liberté, est précisément ce que promet de nous donner l’organisation mutuelliste.

Qu’est-ce que la mutualité, en effet ? Une formule de justice, jusqu’à présent négligée, ou tenue en réserve, par nos différentes catégories législatives ; et en vertu de laquelle les membres de la société, de quelque rang, fortune et condition qu’ils soient, corporations ou individus, familles ou cités, industriels, agriculteurs ou fonctionnaires publics, se promettent et se garantissent réciproquement service pour service, crédit pour crédit, gage pour gage, sûreté pour sûreté, valeur pour valeur, information pour information, bonne foi pour bonne foi, vérité pour vérité, liberté pour liberté, propriété pour propriété…

Voilà par quelle formule radicale la Démocratie entreprend dès à présent de réformer le Droit dans toutes ses branches ou catégories : Droit civil, droit commercial, droit criminel, droit administratif, droit public, droit des gens ; voilà comment elle entend fonder le Droit économique.

Que ce mutualisme existe, et nous avons le lien le plus fort et le plus subtil, l’ordre le plus parfait et le moins incommode qui puisse unir les hommes, la plus grande somme de liberté à laquelle ils puissent prétendre. J’admets que dans ce système la part de l’autorité soit de plus en plus faible : qu’importe si l’autorité n’a rien à faire ? j’admets également que la charité devienne une vertu de plus en plus inutile : qu’aurons-nous à craindre de l’égoïsme ?… De quelle vertu privée et sociale accuserez-