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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/242

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ferment de haine et de guerre civile. On sait assez que je ne suis pas précisément ce qu’on appelle un homme d’action. La séparation que je recommande est la condition même de la vie. Se distinguer, se définir, c’est être ; de même que se confondre et s’absorber, c’est se perdre. Faire scission, une scission légitime, est le seul moyen que nous ayons d’affirmer notre droit, et, comme parti politique, de nous faire reconnaître. Et l’on verra bientôt que c’est aussi l’arme la plus puissante, comme la plus loyale, qui nous ait été donnée, tant pour la défense que pour l’attaque. Depuis longtemps la Démocratie socialiste ne s’affirmait plus que par des publications individuelles, paraissant à de rares intervalles ; le Manifeste des Soixante fut un premier et vigoureux essai de manifestation collective, directement émané du Peuple. On sait quelle était la conclusion, par trop naïve, de ce manifeste, et comment, après avoir été reçue d’abord avec acclamation, elle fut ensuite écartée par la majorité des électeurs démocrates. On n’a pas voulu des candidats ouvriers, et ça été un bonheur pour tous. Mais pareille tentative ne doit se renouveler : il y aurait honte et sottise. Le moment est venu, au contraire, d’agir par une scission digne et raisonnée, d’ailleurs inévitable. En quoi consiste cette scission ? Je m’en vais le dire.

La Démocratie ouvrière, en montrant aux élections de 1863-64 sa résolution de faire valoir son droit politique, a révélé en même temps son idée et ses hautes prétentions. Elle ne vise à rien de moins qu’à opérer, à son bénéfice, une révolution économique, sociale.

Mais, pour accomplir une si grande œuvre, il ne suffit