Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/249

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létariat, etc. En 1848, elle proteste contre la Constitution ! en 1863, elle remet à l’ordre du jour la réforme économique.

En 1848, nous étions dans la République comme chez nous ; la Constitution, malgré tout ce qu’elle disait et tout ce qu’elle ne disait pas, témoignait de notre existence, de nos prétentions, de notre prochain triomphe. Notre soumission était conditionnelle, temporaire ; nous pouvions user, sans contradiction, sans apostasie, comme sans parjure, de toutes les garanties légales pour organiser nos forces et préparer la transformation de la République. Appuyés sur le droit de 1848, nous attendions 1852.

Aujourd’hui, après la restauration du trône impérial, après la loi qui prescrit le serment aux députés, après le décret du 24 novembre 1860, après la rentrée des anciens partis et la résurrection de l’Opposition constitutionnelle, la position de la Démocratie radicale n’est plus la même. À défaut du Gouvernement qui a gardé le silence, l’Opposition nous l’a fait entendre : Vous n’êtes rien ici ; votez avec nous, ou retirez-vous. C’était le cas pour la Démocratie ouvrière de répondre comme les dix tribus de Jéroboam : Eh bien ! faites vos affaires, bourgeois ; rentrons dans nos tentes, Israël !

Il n’en fut rien. La Démocratie ouvrière, préférant l’action au conseil, s’était mise en tête de frapper un coup : au lieu de se séparer avec éclat, elle se refit humble suivante ; comme le petit du sarigue elle rentra pour ainsi dire dans la matrice qui l’avait portée, et vota, par une détestable tactique, pour le compte d’une Opposition qui ne voulait ni ne pouvait la reconnaître.