Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/250

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Je conclus donc que l’idéal politique et économique poursuivi par la Démocratie ouvrière n’étant pas le même que celui auquel s’acharne en vain depuis soixante-dix ans la classe bourgeoise, nous ne pouvons figurer, je ne dis pas seulement dans le même parlement, même dans la même Opposition ; les mots chez nous ont un autre sens que chez ceux-là ; — que ni les idées, ni les principes, ni les formes de Gouvernement, ni les institutions et les mœurs ne sont les mêmes ; qu’il n’est pas jusqu’à ces libertés et garanties de 89, toujours et inutilement promises, qui dans le constitutionnalisme bourgeois ne soient d’une réalisation impossible, tandis que dans le système démocratique elles coulent d’elles-mêmes et sans difficulté aucune. D’où cette conséquence inéluctable que, si la plèbe travailleuse a cru pouvoir aux dernières élections repousser les candidats du Gouvernement comme représentants d’une idée contraire à son principe, à plus forte raison devait-elle repousser ceux de l’Opposition, les uns comme les autres étant l’expression de la même idée, de la même politique, du même ordre, avec cette différence toutefois que les candidats ministériels se donnent franchement pour ce qu’ils sont, tandis que les autres trompent leurs électeurs en couvrant d’un masque leur idée.

Que la classe ouvrière, si elle se prend au sérieux, si elle poursuit autre chose qu’une fantaisie, se le tienne pour dit : Il faut avant tout qu’elle sorte de tutelle, et que, sans se préoccuper davantage de Ministère ni d’Opposition, elle agisse désormais et exclusivement par elle-même et pour elle-même. Être une puissance ou rien, telle est l’alternative. En votant pour les candidats du