Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/258

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pecter et faire respecter l’égalité des droits, la liberté politique et civile ?… Donnant, donnant, Sire ; vous n’avez pas tenu votre serment, et nous non plus, nous ne tiendrons pas les nôtres. Vous n’avez respecté ni l’égalité des droits, ni la liberté civile et politique, et le territoire de la république est envahi. Votre abdication !… Triste mais inévitable résultat du serment civique. Jamais, j’ose le dire, pareille défection ne se fût vue sous les anciens rois.

Ainsi depuis 1789, sauf quelques courts intervalles, les Français n’ont cessé de s’enchaîner par serment à leurs constitutions et à leurs princes, et aucun de ces serments n’a été tenu. Sans cesse constitutions et dynasties ont été renouvelées, en dépit du serment ou en vertu du serment, on ne sait lequel dire : soit que la constitution fût insuffisante ou ne remplît pas son objet ; soit que le prince eût encouru le reproche de mauvaise foi ; soit plutôt que, par le travail des idées et le progrès du temps, nation, prince et constitution ne s’entendissent plus. Qu’on se figure les trois personnes de la Trinité divine en conflit : à qui s’adressera la prière des mortels ? Qui devrons-nous adorer du Père, du Fils ou de l’Esprit ? Baptisés et confirmés au nom des Trois, auquel porterons-nous notre hommage ? Il n’y aura plus de Dieu ; nous serons sans religion, et ce sera fait du royaume céleste.

Telle est la position où la France s’est trouvée, notamment en 1814, 1815, 1830 et 1848. Que de lâches compositions ! Que de défaillances ! Que de trahisons déguisées sous le nom de transitions ! Pendant un temps la conscience publique s’est soulevée contre ces indignités. Le peuple, dans sa naïveté, ignorant de la fatalité politique