Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/264

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son affaire ; qu’il se sauve ou se perde, je n’en puis mais et m’en lave les mains !

Quoi ! vous appelez cela tenir un serment, et vous vous prenez pour des hommes sérieux ! Mais quelle est donc, s’il vous plaît, la cause qui chez nous, depuis trois quarts de siècle, a fait sombrer les gouvernements ? N’est-ce pas l’incertitude des systèmes, la pluralité des principes, l’obscurité du droit, la contradiction perpétuelle entre la Nation et l’État, le soupçon constitutionnellement élevé sur la bonne foi du prince, sur l’excès de son influence ; par suite, l’âpre critique d’adversaires qui, ayant juré de l’épargner au moins, sinon de le soutenir, lui ont porté les premiers coups, la mollesse de ses défenseurs, l’abandon de ses créatures, la perfidie des oppositions ? Que des esprits superficiels, qui croient à l’efficacité des serments, et qui ont trouvé dans le rétablissement de l’Empire la réalisation de leurs vœux, se lient à Napoléon III par une promesse solennelle ; et puis que, dans leur inexpérience des révolutions, dans l’indiscrétion de leur parlementage, dans l’excès même de leur zèle, ils compromettent peu à peu le Pouvoir que leur intention était de défendre, et finissent par le perdre : il n’y a rien en cela que de naturel, rien que d’explicable. Ces hommes sont de bonne foi, et méritent autant d’indulgence que de compassion. Un jour ils sentiront la contradiction dont ils sont les jouets : Dieu veuille alors que la sincérité de leurs cœurs ne s’en aille pas avec celle de leurs illusions ! Mais vous, les habiles, vous, les sophistes, qui connaissez le terrain sur lequel vous marchez, qui de l’ambiguïté des situations, de l’antithèse des principes, du double sens des paroles, de l’oscillation des inté-