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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/297

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commence à la conquête romaine, se continue par celle des Francs ; puis, disloquée, ou plutôt transformée par le système féodal, elle se recommence, à l’avénement de la dynastie capétienne, par l’action des rois. Le faisceau national, tel que nous le voyons aujourd’hui, s’étant donc formé par annexions successives, on conçoit que les provinces et communes progressivement englobées durent, pendant un certain temps, conserver quelque chose de leur autonomie, ce qu’elles appelaient leurs coutumes, franchises, etc. Mais peu à peu l’administration et la juridiction royale prévalurent. Après Richelieu, le gouvernement des provinces, confié à des intendants, hommes du prince, ressortit exclusivement de la Couronne, et devint à peu près uniforme. Les réformateurs de 89, reprenant l’œuvre monarchique, érigèrent ce régime d’unité en doctrine d’État, aux acclamations jusqu’à ce jour prolongées de tout le peuple.

Toutefois, les communes conservèrent longtemps encore quelque reste de vie après la consommation de la grande unité. La province, vague, épandue, était depuis des générations broyée et absorbée, que la commune, avec son esprit local, avec la condensation de sa vie, résistait encore. Elle fut directement atteinte par les Constitutions de l’an ii et de l’an iii, qui firent de l’administration municipale une simple subdivision de l’administration centrale, puis par l’institution des préfets, 17 février 1800, qui remplacèrent les commissaires centraux de la République, et eurent pour les assister les conseils de préfecture. À cette époque, on peut dire que le mal était fait et irréparable. Quinze ans plus tard, à la chute de l’Empire,