la commune avait vécu, et ce fut en vain que le libéralisme essaya de la faire revivre.
J’ai dit plus haut (IIe partie, chap. xii), comment la bourgeoisie, effrayée de l’exorbitance du pouvoir central et de l’exemple donné par Napoléon Ier, avait essayé de s’assujettir le Gouvernement en lui donnant un triple contre-poids : 1o le système constitutionnel, représentatif et parlementaire ; 2o une organisation municipale et départementale ; 3o l’anarchie économique. C’est du second de ces contre-poids, renouvelé des anciennes communes, que je me propose maintenant de dire quelques mots.
On s’occupa beaucoup, sous le règne de Louis-Philippe de cette Organisation municipale et départementale ; ce fut, comme le Crédit foncier et tant d’autres choses, un des mirages du règne bourgeois. On en avait parlé sous la Restauration ; Napoléon Ier lui-même avait paru s’y intéresser ; on en parle plus que jamais sous le règne de son héritier. Les gens du juste-milieu, toujours les plus nombreux et les moins intelligents dans notre pays, sont ceux qui insistent sur ce point avec le plus de force. Il leur semble qu’en restituant à la commune une certaine initiative, on finirait par donner au pouvoir central un équilibre stable ; qu’on enlèverait à la centralisation ce qu’elle a d’atroce, surtout qu’on échapperait au fédéralisme, qui leur est aussi odieux en 1864, qu’il l’était, mais pour d’autres raisons, aux patriotes de 93. Ces braves gens admirent volontiers la liberté suisse et américaine ; ils nous en régalent dans leurs livres ; ils s’en servent comme d’un miroir pour nous faire honte de nos adorations ; mais, pour rien au monde ils ne toucheraient à cette belle unité