Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins importante dans une démocratie mutuelliste, est au contraire, dans un grand empire, la plus inviolable, une dépense aussi sacrée que la gloire même. Quel député oserait y porter atteinte ?

L’assermenté, centralisateur, unitaire, ne fût-ce que par position, par son serment, par convenance, sachant vivre avec les puissances, parfait gentleman, repoussera toute idée de mutualité, de fédération, de nivellement. Y crût-il qu’il n’aurait garde, par une profession de foi intempestive et un acte décisif, de s’engager dans une telle voie. Ce serait de mauvais goût, d’un grossier et maladroit politique. Aller désorganiser les services publics, briser cette superbe machine de l’État : à Dieu ne plaise ! Ce n’est pas lui, homme comme il faut, esprit bien fait, qui assumera cette responsabilité : il est trop patriote pour cela. Ignore-t-il quelles effroyables conséquences sortiraient d’un pareil vote ? Ne sait-il pas que, comme les fonctions publiques sont solidaires, les dépenses le sont également ; qu’on ne peut pas toucher à une plutôt qu’à une autre, et qu’en réduisant les frais généraux de la nation de 20, 18, 17, à 10, 7 ou 5 pour 100, il frapperait toute l’économie du système ? Devant cette immolation il sent faillir son courage ; il reconnaît qu’entre cette vaste hiérarchie, ce monde des classes favorisées, ce gouvernement qui les protége, ce régime budgétaire qui en est l’expression, et lui, il s’est formé une sorte de contrat mystique, qui lui fait considérer présentement les réformes comme des utopies, contrat qu’il ne saurait violer, bien qu’il ne lui ait pas prêté serment comme à l’Empereur.

Par exemple, la fonction de député se traduit en lan-