Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/32

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d’Orléans. Le peuple a parfaitement démêlé le sens secret de cette opposition, reconnu les masques, sondé la conscience des candidats. Il sentait l’injure faite à la liberté des électeurs ; certaines palinodies, certains serments l’avaient indigné ; et dans les hommes qu’il allait envoyer au Corps législatif il ne voyait déjà plus que des ennemis de sa pensée, des auxiliaires de la réaction. Pouvait-il ignorer que M. de Girardin, ami intime du prince Napoléon, professant hautement l’indifférence pour toute espèce de gouvernement, travaillait uniquement dans l’intérêt du statu quo impérial ? — Que M. Guéroult était rallié à l’empire avec la plus grande partie de l’école saint-simonienne ? — Qu’une cordiale entente existait entre MM. Havin et de Persigny ? Peut-être avait-il oublié que M. Jules Favre, ex-secrétaire du ministère de l’intérieur sous la République, avait soutenu en 1848 contre les candidatures républicaines, avec MM. de Girardin, Victor Hugo, Garnier-Pagès, etc., l’élection à la présidence de Louis-Napoléon ; — que M. Émile Ollivier, tour à tour préfet sous le Gouvernement provisoire et la Présidence, s’était montré à Marseille fort sévère pour les socialistes. Que lui importaient en ce moment les hommes, et leurs opinions, et leurs antécédents ? Une seule passion le dominait : c’était de faire contre le Pouvoir, de qui il avait tant espéré, acte de séparation, et, pour être plus sûr de son fait, il oubliait toutes ses injures jusqu’à la dernière, le rejet de ses candidats[1].

On ne se donna pas la peine d’examiner si dans cette

  1. M. Tolain, dans sa brochure sur les élections, rapporte le trait suivant : « Un électeur ouvrier de la 9e circonscription, devant lequel on discutait les titres de M. Pelletan, l’écrivain qui, d’après la réclame stéréotypée de M. Pagnerre, a fait en quelque sorte le tour de la pensée humaine, répondit, sous une forme un peu dure mais qui répondait parfaitement à la pensée générale : « Trognon de pomme ou trognon de chou, je m’en f..iche, pourvu que le projectile que je flanquerai dans la boîte dise « opposition »