Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/335

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triche, etc., n’est pas autre chose que l’attache du rentier au budget, le lien par lequel le monde conservateur se rallie à la fortune du Gouvernement. Que de fois n’avez-vous pas entendu dire qu’un État lesté d’une dette de dix milliards, divisée entre un million de créanciers, n’avait rien à craindre ? C’était la politique de César. Plus il se chargeait de dettes, plus il augmentait le nombre de ses partisans.

Je sais bien, et l’on ne manquera pas de me dire que les créanciers de l’État ne font autre chose que recevoir l’intérêt légitime de leurs capitaux, qu’ils ne peuvent être assimilés à des sinécuristes, apanagistes, concessionnaires à titre gratuit. À cela je réponds, que les emprunts d’État sont généralement contractés à des taux usuraires, 6, 7, 8 et même 10 pour 100 ; que même au taux légal de 5 pour 100 les capitaux bourgeois, placés sur l’État, produisent le double de ce que la terre rend aux propriétaires ; et que là est une des causes qui, en élevant d’une manière anormale le loyer de l’argent, élève du même coup celui des maisons, fait hausser le prix de toutes les denrées, et entretient un système de cherté au préjudice des masses, mais au grand avantage des prêteurs de numéraire.

On voit donc, d’après cette première observation, que si la politique conservatrice fait des dettes, elle ne tient pas précisément à les rembourser. Il faut des dettes au système unitaire.

Mais, direz-vous, les dettes ne peuvent pas s’augmenter indéfiniment. Si un intérêt de 500 millions nous