Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/339

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quelque incompatibilité fatale, plutôt qu’à la volonté des hommes d’État !

La Convention a terrorisé la presse ; le Directoire a dû, pour sa défense, sévir incessamment contre les journaux et les clubs : il les a fructidorisés comme il faisait les représentants du peuple et les directeurs eux-mêmes ; le Consulat a fini la guerre d’un coup en bâillonnant la presse tant périodique que non périodique ; la Restauration a forgé contre elle un arsenal de lois ; la royauté de Juillet a fulminé sa législation de Septembre, à laquelle la République de Février, quatre mois après son installation, s’est vue dans la nécessité de revenir ; le Gouvernement du 2 Décembre, enfin, ne s’est cru en sûreté qu’après avoir édicté son Décret du 17 février 1852.

Le droit d’association et de réunion a suivi la fortune de la presse. Après l’avoir inscrit au nombre des principes de 89, toutes les polices l’ont restreint, réglementé, proscrit. En ce qui concerne le droit de se réunir, de s’associer, de s’entendre, de même que celui de publier sa pensée par le discours ou par l’impression, notre législation se compose, depuis soixante-quinze ans, de la somme des tyrannies que tous les partis libéraux et réactionnaires, républicains et monarchiques, sortis de la Révolution, ont successivement exercées les uns contre les autres ; jamais, au grand jamais, la liberté n’a été franchement constitutionnelle et légale ; toujours elle a été une déception.

Et dans cette série, dans cette réciprocité de répression, de prévention, de restriction, on ne sait voir toujours que l’aveuglement, la mauvaise foi constante, immatriculée, de cet être anonyme qui a nom Gouvernement ! On