accuse les princes et les ministres, on n’accuse jamais qu’eux seuls : comme si les factions, les assemblées, les directoires, les républiques démocratiques et bourgeoises, ne s’étaient pas montrés aussi intolérants que les empereurs et les rois ! C’est après quatre siècles et plus d’incompatibilité déclarée entre l’autorité politique et religieuse et la presse, après soixante-quinze ans de contradiction révolutionnaire, que des représentants du peuple, des savants, des philosophes, des légistes dont ce devrait être la mission d’éclairer le public en remontant aux causes du mal et en recherchant l’antagonisme des idées, s’en viennent rebattre niaisement des lieux communs insipides, cent fois mis en avant par des gazetiers à la plume vénale, des démagogues calomniateurs, des avocats sans convictions, de plats pédants, et cent fois dédaignés par les hommes politiques de tous les partis et de toutes les écoles ! Où en sommes-nous donc et quel profit retirons-nous de nos expériences ? On parle de bas-empire : j’ai bien peur qu’il ne faille dire la basse démocratie, la basse bourgeoisie, la basse écrivasserie. Qui nous délivrera de ce tohu-bohu ? Quand bannirons-nous ce parlage d’autant de mauvais goût que de mauvaise foi, peste de la tribune, fléau de la presse et de la pensée libre ?
La vérité sur les rapports entre le Pouvoir et la presse est pourtant si aisée à saisir, si évidente, si palpable !… Il est vrai que le Pouvoir, qui a le sentiment profond de cette vérité, n’ose rien dire, de crainte que le public, dûment éclairé, ne finisse par prendre contre lui des conclusions analogues à celles que lui-même ne cesse de prendre contre son ennemie. Le Gouvernement préfère