Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/343

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nopole, elle est naturellement et sauf de rares exceptions de mauvaise foi, injurieuse, vénale, pleine de partialité et de calomnie, sans principes, sans garanties, d’autant plus ardente à poursuivre le Gouvernement que, même en ayant tort, elle y trouve popularité et profit, son but d’ailleurs, le même que celui de l’Opposition, étant de s’emparer du Pouvoir même.

Entre une presse ainsi faite et un Pouvoir démesuré, dont il semble qu’on ait à dessein voulu faire un appât à toutes les ambitions, l’incompatibilité est donc profonde, la guerre inévitable.

J’ai besoin d’insister sur ce côté vraiment étrange de notre système politique : je supplie en conséquence le lecteur de m’accorder quelques minutes de patience.

Remarquez d’abord que le Gouvernement, par l’immensité de ses attributions, par l’excès de sa centralisation, est organisé de manière à soulever à la fois contre lui le plus d’impatience et le plus d’envie possible. Tandis que les uns voudraient le briser, les autres songent à s’en saisir ; les mêmes critiques, les mêmes reproches serviront contre lui aux uns et aux autres. Je répète et ne saurais trop répéter que cette situation est fatale ; qu’elle résulte de la constitution unitaire de l’État, du rôle exorbitant que le Gouvernement est appelé à jouer, du droit dévolu à tout citoyen d’exprimer son opinion sur la politique du ministère, et de l’arrière-pensée qui a fait de la compétition systématique des minorités contre les majorités une garantie contre l’absolutisme du Gouvernement.

Observez en second lieu que le Pouvoir est seul contre tous, en sorte qu’il ne lui sert absolument de rien d’avoir