Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/347

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La situation ainsi faite, on peut dire que la presse est livrée à toutes les infamies. C’est de nos jours qu’on a appris à tirer parti de la publicité ; c’est aussi de notre temps qu’il faut dater le déluge de mensonges qui a perverti la raison publique. Sur tous les sujets, la presse s’est montrée corrompue et vénale. Elle s’est fait une habitude et un métier de parler, ad libitum, pour, contre ou sur tous les sujets ; de combattre ou défendre toute espèce de cause ; d’annoncer ou démentir toute sorte de nouvelles ; de prôner ou de dénigrer, moyennant payement, toute idée, toute invention, tout ouvrage, toute marchandise, toute entreprise. La Bourse et la banque, la commandite et la boutique, la littérature et l’industrie, le théâtre et les arts, l’Église et l’enseignement, la politique et la guerre, tout lui est devenu matière d’exploitation, moyen d’agitation, de chantage et d’intrigue. La Cour d’assises, pas plus que la tribune, n’a été à l’abri de ses mensonges et de ses fraudes. Tel coupable a été par elle innocenté ; tel innocent chargé du crime. Les questions les plus importantes de la politique sont devenues entre ses mains des affaires d’argent : question d’Orient, vendue ; question d’Italie, vendue ; question Polonaise, vendue ; question des États-Unis, vendue. Je ne dis pas que la vérité parfois ne lui échappe, soit indifférence, soit qu’elle y ait intérêt, soit qu’en affectant sur certains sujets une attitude sévère, elle se ménage de trafiquer plus avantageusement, en un autre temps, de son opinion.

Quel Pouvoir se sentirait la moindre considération pour