Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/349

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tion réclama au nom des franchises de la presse et des intérêts des journalistes ; le Gouvernement fut forcé de transiger, et, chose tout à fait irrégulière, contraire au droit du public et à la vérité constitutionnelle, c’est à la Présidence que se fait le compte-rendu abrégé pour tous les journaux.

La concurrence est tout aussi impuissante, quoi qu’on ait dit, et il n’est pas vrai que la presse puisse être à elle-même son contre-poison. Par la nature des choses, la presse, surtout la presse périodique, est classée de manière à exclure de nouvelles catégories, ce qui limite, annule la concurrence. Ainsi, sans parler des brevets qui limitent le nombre des imprimeries, ni du décret de 1852 qui limite celui des journaux, il est évident qu’il ne peut exister qu’un nombre déterminé de journaux officieux, de journaux indépendants, de journaux monarchiques et de journaux démocratiques ; de catholiques, d’israélites et de protestants ; de journaux de finance, du commerce, des cours et tribunaux ; de revues, recueils, etc., etc. Or, remarquez que tous ces journaux, en tant qu’indépendants, sont hostiles au Pouvoir : à quoi lui serviraient des concurrences ? Essaiera-t-il d’en créer de nouvelles, à sa dévotion, comme il a fait récemment par la publication du Moniteur du soir ? Dans un autre système que le nôtre, où la publication des actes du Gouvernement, les nouvelles officielles, les annonces, la mercuriale, le bulletin de Bourse, les comptes-rendus des académies, des tribunaux et des chambres pourraient être considérés comme service public, il n’y a pas de doute que le Gouvernement aurait parfaitement le droit de créer de pareilles pu-