Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/352

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La seconde république avait également donné et garanti, par la Constitution de 1848, toutes les libertés et tous les droits. Elle a duré trois ans ; comme l’autre elle a vécu de réactions et de coups d’État, et elle a fini par un coup d’État.

Les Gouvernements qui ont malmené la presse, le premier Empire, la Restauration, la Royauté de Juillet ont duré plus que les autres : ce qui prouve que la presse est comme la prostituée, une puissance lâche, qui s’incline sous les coups. Je ne veux pas dire que cet exemple soit bon à suivre, puisqu’à la fin nous avons eu raison de tous ces Gouvernements, puisque le plus long de ces règnes n’a pas été de dix-huit ans, et que dix-huit ans ne sont pas la durée d’un État. Je veux seulement faire observer que l’incompatibilité née de la Presse n’est pas moindre, soit qu’on l’enchaîne, soit qu’on lui laisse la liberté, puisque dans le premier cas elle empoisonne le Gouvernement, et que dans le second elle l’étrangle.

Se figure-t-on par hasard que si l’Opposition actuelle, par quelque coup de fortune, arrivait au Pouvoir, elle aurait trouvé plus que Napoléon III et ses devanciers le secret de vivre avec la liberté de la presse ? L’accord ne durerait pas quinze jours. Nous savons de vieille date quel est le libéralisme de ces hommes ; nous les avons vus récemment à l’œuvre, à propos de leurs candidatures. L’un des moins inculpés, M. Marie, nous a prouvé, dans le procès qu’il a plaidé pour la reine de Suède contre les Mémoires de Marmont, qu’il ferait à l’occasion un excellent censeur. Mais, indépendamment des dispositions plus ou moins pacifiques de ce personnel, qui donc pourrait sans un frémissement d’indignation, les voir revenir ?