Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/379

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Garantissez, vous dis-je, à la bourgeoisie manufacturière et commerçante, travaillant pour le marché intérieur ou pour l’exportation, le placement de ses marchandises, et elle vous garantira à son tour travail et salaire : elle ne demandera pas mieux. Hors de là, votre droit au travail est un rêve, un véritable effet sans cause, et le pouvoir qui assurerait en votre nom un pareil engagement serait perdu.

Eh bien, chose dont personne ne paraît s’être douté, cette double garantie du travail et de l’échange, si précieuse au maître aussi bien qu’à l’ouvrier, avait reçu jadis une première ébauche, dans ce que l’on appelle en économie politique, balance du commerce ou système protectionniste exprimé par la douane.

Dans une république, la protection donnée par l’État au travail et au commerce du pays, est un contrat de garantie en vertu duquel les citoyens se promettent réciproquement pour leurs ventes et achats, la préférence, toutes choses d’ailleurs égales, sur les étrangers. Cette préférence est inhérente au droit républicain ; à plus forte raison, qu’on me permette d’en faire l’observation en passant, au droit républicain fédératif. Sans cela, à quoi servirait d’être membre d’une république ? Quelle attache le citoyen aurait-il à un ordre de choses où il verrait son travail, les produits de son industrie, injurieusement dédaignés pour ceux de l’étranger ?

Dans les États monarchiques, le principe est différent, bien que le résultat soit le même : c’est le Souverain, Empereur ou Roi, chef de la famille politique, protecteur naturel, qui donne leur garantie au commerce et au travail.