Jusqu’en 1859, sous tous les règnes, cette pensée avait été dominante en France. Le Roi, à qui la Constitution donnait le droit de faire les traités d’alliance et de commerce, savait qu’en réservant une protection, taxe de douane, en faveur de l’industrie, de l’agriculture et du commerce de la nation, il ne faisait que stipuler au nom de tous les intérêts, comme organe de leur mutualité. C’était un premier jalon dans le progrès économique, la pierre angulaire du garantisme à venir, de la liberté et de l’égalité futures.
La douane, je le sais, est un établissement des plus incommodes ; d’énormes abus s’y sont introduits : où n’en trouve-t-on pas ? Que de fois les taxes de douane n’ont été que des instruments de monopole, le secret des fortunes les plus illicites ! Que de fois la protection destinée au travail et au commerce s’est changée en faveur pour des industries arriérées ou des entreprises absurdes ? Avant de se faire une arme du libre-échange, le monopole a exploité la protection : ne craignons pas de le proclamer bien haut. Nos ennemis sont partout, faisant front de tous côtés et flèche de tout bois : c’est ce qui rend la solution du problème économique si difficile. Je ne viens donc pas défendre la douane, dont le travail n’a plus besoin, je ne veux qu’en justifier l’intention, mais l’abolition des douanes n’est point, comme on voudrait presque le faire croire, le dernier mot de la science ; et je répète, contre des calomnies intéressées, que le but, la pensée première de cette institution fut de créer entre producteurs et échangistes un lien de garantie, dont la conséquence immédiate était la garantie du travail aux ouvriers. Ceux qui ont fait le