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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/39

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veloppement industriel, a fait la fortune du paysan ; le marché étranger lui a été ouvert ; une masse de subsistances, les vins, fruits, légumes, qui jadis se devaient consommer sur place et à vil prix, sont maintenant exportés à des distances énormes et avec bénéfice. Le paysan ne discute pas sur les causes : Cum hoc, ergo propter hoc ; — ces biens lui sont venus sous la période impériale ; il en remercie l’empereur. Il veut la terre, absolument comme l’ouvrier veut le capital et l’instrument de travail, et il saura l’avoir, en la payant.

Ainsi la cause des paysans est la même que celle des travailleurs de l’industrie ; la Marianne des champs est la contre-partie de la Sociale des cités. Leurs adversaires sont les mêmes. Jusqu’en 1863, les deux grandes classes qui représentent le travail, paysans et ouvriers, avaient voté, sans s’être donné le mot, pour l’empereur ; en 1863 et 1864, pendant que les paysans restaient fidèles au drapeau impérial, les ouvriers, sans motif suffisant, ont passé du côté des bourgeois. Je ne veux pas dire qu’ils eussent mieux fait d’imiter leurs frères des champs ; j’entends seulement qu’il aurait été digne d’eux de leur donner l’exemple, en déclarant qu’à l’avenir ils n’entendaient plus relever que d’eux-mêmes. C’est à la démocratie industrielle de Paris et des grandes villes, qui a pris le devant, à chercher les points de raccordement qui existent entre elle et la démocratie des campagnes, et à ne point se donner aux yeux des allodiaux l’apparence de soldats du fief. Sans doute Napoléon III, de même que Napoléon Ier est encore pour les masses l’ennemi du vieux régime, l’homme qui protège le campagnard contre le féodalisme bourgeois. Sous l’influence de cette opinion, et