Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/40

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la pression des maires, gendarmes, gardes-champêtres, etc., le paysan, qu’échauffait le cabaret, a voté pour le candidat de l’administration. Mais l’idée napoléonienne s’use comme toute chose ; l’ancien régime est loin de nous ; il a été recouvert d’une couche épaisse d’idées, de lois, d’intérêts ; des besoins nouveaux se font sentir, et déjà l’on peut prévoir, à un jour donné, un brusque revirement de la part des campagnes, pareil à celui qui, l’année dernière, entraîna le département de la Haute-Saône. Aussi bien, de vastes problèmes se présentent à résoudre devant lesquels l’autorité est impuissante : marier l’agriculture à l’industrie, et par ce moyen réconcilier les populations des villes et des campagnes ; reconstituer la propriété selon les principes de la mutualité et du droit fédératif ; envelopper la classe agricole des institutions nouvelles ; résoudre, à l’avantage des paysans comme des ouvriers, les questions du crédit, de l’assurance, des loyers, de la boucherie, des denrées maraîchères et des boissons, etc., etc.

Le paysan a horreur du fermage et du métayage, comme l’ouvrier du salariat. Il sera incomparablement plus aisé, en l’aidant à devenir propriétaire, de tirer de lui un fort impôt, part légitime de la société dans la rente foncière, que de le faire consentir à partager éternellement avec un propriétaire éloigné le croît de la terre et des animaux, obtenu par ses soins et un rude labeur.

Ainsi, toutes contradictoires que paraissent et que soient en effet, quant au résultat immédiat, les élections de la plèbe travailleuse, d’un côté à Paris et dans les grandes villes, de l’autre dans les campagnes, la pensée qui les a produites les unes et les autres est au fond la même : c’est l’émancipation