Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/392

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libre-échange, pas un mot emprunté à cette doctrine n’a été allégué par ses défenseurs ; tout au contraire on s’est servi, pour la défendre, de considérations protectionnistes ; on a parlé de ses futurs résultats comme on aurait fait de ceux de la douane ! On a dit que la France, considérée comme puissance industrielle, ne reconnaissait point de rivale ; qu’au travail comme à la guerre, elle brillerait, quand elle voudrait, au premier rang ; qu’elle ne se doutait pas elle-même de l’immensité de ses ressources ; que son grand défaut était de se défier de son génie ; que si, dans un début, elle avait faibli sur quelques points, bientôt elle reprendrait sur tous ses avantages ; qu’alors, au lieu d’accuser d’imprudence l’initiative du Gouvernement, elle remercierait sa sagesse de l’avoir débarrassée de toutes ces entraves, etc., etc.

C’était le cas pour nos députés patriotes de s’écrier : Qui trompe-t-on ici ? Quoi ! nous sommes censés unis avec l’Angleterre par un traité de libre-échange, et nous raisonnons protection ! À qui reproche au Gouvernement la disproportion énorme de nos importations sur nos exportations, à qui lui démontre que la balance est de deux ou trois cents millions contre nous, on répond : Patience ! vous l’aurez à votre tour favorable !… Mais est-ce que nos députés patriotes, avec leur verbiage, entendent mot aux questions économiques ? D’autres tendent le filet ; quant à eux, ils se chargent de troubler l’eau. Parlez à ces grands politiques du principe des nationalités : à la bonne heure. Cela ne se définit pas plus que cela ne se voit : mais ils vous en entretiendront trois heures sans cracher ni boire. S’agit-il du travail national, de l’indus-