Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/395

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« D’abord le Gouvernement a affranchi de tous droits ou considérablement dégrevé les matières premières destinées à alimenter notre travail national. Il en est résulté pour le Trésor un déficit qui a dû être couvert par d’autres recettes. Jusque-là nous ne voyons pas qu’il y ait eu pour la nation grand profit. Puis, le Gouvernement ayant fait en faveur du Traité les premiers sacrifices, ç’a été le tour des producteurs et exportateurs, d’opérer leur dégrèvement. On aura, sans nul doute, renouvelé les machines, amélioré les procédés, multiplié les essais ; on a diminué les salaires ; on s’est contenté de moindres bénéfices ; on a cherché à obtenir des réductions sur l’escompte, le change, la commission, le fret, etc. Quel a été le montant de ces sacrifices et de ces faveurs ? Combien faudra-t-il d’années, pareilles à 1863, pour nous en couvrir ? Aux avances prématurées des entrepreneurs, se sont jointes les souffrances des salariés : quelles compensations, sur les bénéfices plus ou moins réels de cet immense trafic, leur seront allouées ? Déjà ils se sont coalisés pour la hausse, au grand déplaisir des patrons : pensez-vous qu’un peu de protection pour tout le monde n’eût pas été préférable ? Comparant les deux situations de 1858 et 1863, est-il certain que notre commerce international, dont les quantités viennent de prendre un si formidable accroissement, nous laisse un bénéfice proportionnel ? Car si, comme il est permis de s’y attendre, le bénéfice était le même, le résultat serait glorieux : nous aurions travaillé davantage pour ne pas gagner plus. Supposant en outre les profits actuels de notre commerce extérieur supérieurs à ce qu’ils étaient il y a cinq ans, valent-ils