Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/41

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complète du travailleur ; c’est l’abolition du salariat ; c’est l’expulsion du forain. Des deux parts on a voté (ceux qui ont voté, car il y a eu partout beaucoup d’abstentions) avec la même intention réformatrice, avec le même sentiment d’une force souveraine, avec la même impétuosité aveugle.

Aussi voyez quel a été le résultat de toutes ces élections inintelligibles à ceux qui en profitent et à ceux qui en pâtissent, opposants et ministériels. Tandis que le vote incompris des paysans rassure le pouvoir et désole nos prétendus libéraux, celui des ouvriers, beaucoup plus clair, a mis tout sens dessus dessous. Non-seulement le pouvoir a été frappé par eux d’épouvante, le bonapartisme déconcerté et confondu, les entremetteurs officieux, qui s’étaient flattés de marier le césarisme et la plèbe, couverts de honte, les mystificateurs mystifiés ; mais, abstraction faite de l’intérêt bonapartiste, tout a été écrasé, la liste de coalition est devenue une liste de dissolution, le parlementarisme a été démontré impraticable : faites donc de la monarchie parlementaire avec ces ouragans du suffrage universel ! — l’Opposition légale réduite à néant, les vanités bernées, les serments flétris. Oh ! certes, si le peuple n’a voulu que donner à ses patrons un vigoureux avertissement, il n’a pas manqué son but. Il s’est conduit comme le taureau qui, ayant faim et voulant éveiller le bouvier, lui perce le flanc d’un coup de corne.

Sur ce, j’ai l’honneur de faire observer au Peuple souverain :

— Oui, Majesté, tu as le nombre et la force ; et de cela seul que tu as le nombre et la force il résulte déjà que tu possèdes un droit qu’il est juste que tu exerces. Mais tu dois