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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/412

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nation maîtresse chez soi, sûre d’elle-même, n’aurait rien à craindre ni de la concurrence ni de l’hypothèque étrangère.



Chapitre IX. — Les coalitions ouvrières : question insoluble dans le régime économico-politique actuel. — Phénomène curieux de contradiction sociale. — Rôle de l’Opposition.


C’est le Gouvernement impérial qui a saisi le Corps législatif de la loi sur les coalitions : l’initiative en avait été prise par l’Empereur lui-même dans son discours d’ouverture. La majorité était peu favorable au projet : elle sentait le danger de toucher à des questions brûlantes, où, quelque parti que l’on prenne, les inconvénients balancent toujours les avantages, et dont la discussion n’aboutit jamais qu’à troubler et aigrir l’opinion. Cependant la majorité a voté la loi : d’abord, parce qu’elle était la majorité, et qu’une majorité résiste rarement à la volonté du Pouvoir, puis, parce qu’elle s’est imaginée, à l’exemple du Gouvernement, que cela ferait plaisir aux ouvriers.

Dans l’Opposition, les uns, ils étaient deux, ont appuyé le projet de loi, le jugeant populaire ; les autres, enchérissant sur la proposition du chef de l’État, ont proposé l’abrogation pure et simple des articles 414, 415 et 416 du Code pénal. On eût dit un assaut entre législateurs, à qui s’entendrait le mieux à renverser l’ordre, social. Ça été, comme d’habitude, une course au clocher… de la popularité. M. Émile Ollivier a été nommé rapporteur de la loi et chargé de la soutenir à la tribune. M. Jules Simon, d’après ce qui a transpiré dans le public, s’était