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Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/45

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« D’où il suit qu’à moins que les classes travailleuses, après avoir fait connaître leur idée, n’y convertissent la France, il n’y a chance de durée, dans ce pays, pour aucune combinaison politique, pour celle que représente l’Opposition légale moins que pour aucune autre. En sorte que le Pays est dans une situation chaotique, l’État dans un équilibre instable. »


Réflexion douloureuse ! Sur près de quarante millions d’âmes qui forment la population de la France, trente-six au moins, c’est-à-dire toute la plèbe des villes et des campagnes, avec une forte partie de la classe moyenne, la plus malheureuse de la nation, sont emportées dans un vaste mouvement de réforme politique, économique et sociale. Et pour conduire cette multitude, pour l’éclairer, pour l’apaiser, de quelque côté que vous tourniez les regards, pas une Idée, pas un homme !…

Est-ce que la majorité par exemple, à laquelle les centres de population échappent, que la bourgeoisie et la plèbe industrielle abandonnent, aurait la pensée, avec ces cinq millions et demi de voix, dont les deux tiers environ sont des voix campagnardes, d’exprimer exactement la pensée du Pays ? Ce serait de sa part une illusion dangereuse. La démocratie des campagnes a les mêmes tendances et aspirations que celle des villes ; et si la première continue à voter pour le gouvernement tandis que la seconde s’est mise à la queue des bourgeois, on peut dire que d’un côté comme de l’autre, c’est l’effet d’un quiproquo ; c’est que le paysan et l’ouvrier n’en sont pas encore venus à comprendre la nécessité, pour poser leur but, de s’affirmer eux-mêmes directement contre toute pression, intérêt et influence. Le gouvernement de l’Empereur oserait-il avouer la devise du paysan : Expul-