Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/454

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des intérêts en lutte, il lui communique une force artificielle, qui fait arriver cette idée ou cet intérêt à une importance hors de proportion avec sa force naturelle.

Si l’État se mêle de soutenir la religion, il écrase la philosophie, sans que ce soit l’effet de la puissance propre de la religion.

S’il soutient là philosophie, il écrase la religion, sans que ce soit l’effet de la puissance propre de la philosophie.

Même chose arrive, s’il prend parti pour le libre-échange contre la protection, ou pour la protection contre le libre-échange.

Même chose, s’il penche du côté des patrons contre les ouvriers, ou du côté des ouvriers contre les patrons.

Ce que nécessite, en politique, cette idée de mutualité qui est le programme économique des classes ouvrières, c’est que, dans l’ordre politique aussi, toutes choses, toutes idées, tous intérêts soient ramenés à l’égalité, au droit commun, à la justice, à la pondération, au libre jeu des forces, à la libre manifestation des prétentions, à la libre activité des individus et des groupes, en un mot, à l’autonomie.

Il faut que la centralisation soit réduite, que les groupes et les individus regagnent en libertés publiques tout ce qu’il y a d’excessif dans les attributions de l’État, tout le pouvoir dont il a été fait une délégation exorbitante au Gouvernement et à l’Administration.

C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que la liberté sera fondée en France, rationnellement et solidement.

On peut s’en faire une idée par les innombrables garanties que trouvent les libertés individuelles et collectives