Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour 100 d’abstentions en 1857 ; les 25 pour 100 en 1863, en sont une preuve. Et il est certain que nos dix millions d’électeurs se sont montrés, depuis 1848, en intelligence et en caractère, inférieurs aux 300,000 censitaires de la monarchie de Juillet.

Donc, et bon gré mal gré, dès lors que nous traitons en historiens et en philosophes de la capacité politique, il nous faut sortir des fictions et en venir à la capacité réelle : c’est aussi la seule qui nous occupera.

Pour qu’il y ait dans un sujet, individu, corporation ou collectivité, capacité politique, trois conditions fondamentales sont requises :

1o Que le sujet ait conscience de lui-même, de sa dignité, de sa valeur, de la place qu’il occupe dans la société, du rôle qu’il remplit, des fonctions auxquelles il a droit de prétendre, des intérêts qu’il représente ou personnifie ;

2o Comme résultat de cette conscience de lui-même dans toutes ses puissances, que ledit sujet affirme son idée, c’est-à-dire qu’il sache se représenter par l’entendement, traduire par la parole, expliquer par la raison, dans son principe et ses conséquences, la loi de son être ;

3o Que de cette idée, enfin, posée comme profession de foi, il puisse, selon le besoin et la diversité des circonstances, déduire toujours des conclusions pratiques.

Observez qu’en tout cela il ne peut être question de plus ni de moins. Certains hommes sentent plus vivement que d’autres, ont un sentiment d’eux-mêmes plus ou moins exalté, saisissent l’idée et l’exposent avec plus ou moins de bonheur et d’énergie, ou sont doués d’une puissance de mise en œuvre à laquelle bien souvent les plus vives intelligences