semblable ; respect à la famille, à son bien, à sa réputation ; enfin, respect à soi-même.
Ce résumé législatif nous offre un essai de formule sérielle d’autant plus remarquable, que les formules de cette espèce ne sont guère le résultat que d’une profonde et infatigable analyse, chose qu’il serait hasardeux de supposer dans l’auteur du Décalogue.
199. La semaine fut, dit-on, instituée en mémoire des six jours de la création. On sait les infructueuses tentatives faites dans ces derniers temps pour accorder les journées ou époques cosmogoniques de Moïse avec les découvertes de la géologie : au moment où j’écris, des théologiens géologues y travaillent encore. Il y a, selon moi, une manière plus simple d’expliquer la Genèse : sous l’emblème d’une création hebdomadaire, elle a voulu dire que le Créateur avait opéré selon une série progressive, et non par une création simultanée ; et c’est aussi ce que le bon sens et la géologie démontrent. Quant au nombre sept, adopté pour cette série, c’est le nombre employé symboliquement par les Orientaux pour exprimer une série complète et terminée, mais dont la mesure précise est inconnue.
Ces exemples, et une foule d’autres que je pourrais citer, prouvent que l’esprit de l’homme tend invinciblement à classer, grouper, symétriser ses idées : mais le sentiment impérieux de son existence et de son activité détourne d’abord son attention, et l’engage dans une autre route.
200. Période philosophique. L’aperception la plus vive de la loi sérielle dont l’histoire ait conservé le souvenir, est celle qui eut lieu dans Platon. La notion de la série fut en lui tout à la fois si confuse et si forte, qu’il en demeura comme halluciné, et qu’il remplit ses ouvrages des imaginations singulières que son idéomanie lui suggéra. Ainsi, après avoir parfaitement compris que les idées sont des représentations de groupes, de genres, d’espèces, de suites, etc., au lieu de se borner à dire que nous n’apercevons des choses que leurs rapports et leurs séries, il prétendit que rien n’existait que les idées ; au lieu de comprendre que l’idéal est encore la série, telle qu’elle se révèle à l’esprit par sa loi de formation, et indépendamment des perturbations accidentelles qu’elle souffre du dehors, il enseigna que les idées étaient innées en nous, que leur type était en Dieu, dont il constituait l’intelligence ; que le monde était leur empreinte, etc. Enfin, Platon méconnut l’indépendance des séries. Au lieu d’y chercher une théorie générale de sériation, il crut que les idées étaient toutes liées entre elles, et il