essayait de remonter par ce rapport imaginaire à la connaissance de l’un, de l’absolu.
201. La philosophie de Platon ne pouvait être entendue de son temps, ni par conséquent être développée : l’idée de causalité était dominante, et faussait toutes les aperceptions sérielles. On a va précédemment quelle était la valeur du syllogisme : je n’ajouterai plus qu’un mot. Le syllogisme, composé de deux prémisses, l’une femelle, si j’ose ainsi dire, et l’autre mâle, produisant par leur accouplement un troisième terme ou conséquence, est bien réellement une série, l’ébauche de la série dialectique : qu’est-ce donc qui l’empêche d’être cette série elle-même ? C’est, comme je l’ai dit, l’idée de causalité qui s’y trouve mêlée : c’est que nos idées, une fois acquises par l’expérience et la réflexion, se groupent, mais qu’elles ne s’engendrent pas, et que la série syllogistique prétend ou suppose le contraire. Il ne suffit pas qu’une méthode de démonstration soit sériée pour être utile ; il faut qu’elle n’implique aucun principe étranger à la série. Cette condition n’a plus lieu, dès que l’on introduit l’idée de causalité dans le raisonnement.
202. Pendant qu’on abandonnait les genres et espèces de Platon pour se livrer à la sophistique, un autre travail de classification des idées s’accomplissait, plus stérile, plus impuissant encore que le premier. On essayait de ranger toutes les idées possibles sous un certain nombre de groupes fixes et irréductibles. Ce sont ces groupes ou têtes de colonnes qui, sous les noms de catégories, ont fait une si immense fortune.
« Dans tout arrangement logique, il y a toujours, suivant le philosophe indien Kanada, six choses à prouver, la substance, la qualité, l’action, le commun, le propre, la relation[1]. »
Ces six genres fondamentaux ont été remaniés, augmentés, réduits plusieurs fois par les successeurs de Kanada.
De son côté, Aristote, après avoir organisé la machine syllogistique, établit aussi, comme les Hindous, des catégories ; il en fit dix, quatre de plus que Kanada. « Il y a dix genres, entre lesquels se partagent tous les attributs que l’on peut ordinairement affirmer (en grec catégoreïn, prædicare, d’où catégoria, prædicatum) d’un sujet : l’être proprement dit, la quantité, la qualité, la relation, le lieu, le temps, la situation, la possession, l’action, la passion[2]. »
Ainsi, au dire d’Aristote lui-même, les catégories sont des