234. La série artificielle n’étant, comme j’ai dit, qu’une série naturelle abstraite de son objet propre et transportée à un autre, le procédé à suivre dans sa formation est le même que pour la série naturelle.
235. F) Séries similiformes ou Analogies. En comparant des séries dont l’objet, l’unité, la raison sont tout différents, on remarque souvent entre elles des ressemblances singulières, que l’esprit est tenté d’attribuer d’abord à une identité absolue de principe et de loi. Ces ressemblances tiennent à ce que, soit la matière atomique, qui sert de substratum aux séries, soit la force qui les détermine, soit la forme élémentaire à laquelle toutes peuvent être réduites, étant à priori une, identique, toujours égale à elle-même, et ces trois choses ne se différenciant que par leur quantité, leur division et les proportions dans lesquelles elles s’unissent, quelque chose de commun se laisse nécessairement apercevoir entre toutes les séries.
Mais il ne faut pas conclure de là que la nature ne fasse jamais que se répéter elle-même ; que chacune de ses œuvres est comme un miroir qui reproduit toutes les autres, et que telle série que nous pouvons soumettre au calcul nous donne le mot de telle autre à laquelle nous ne pouvons atteindre. Car, comme deux forces qui s’unissent produisent un effet complexe, tout différent de l’effet simple auquel chacune pouvait donner naissance, et incommensurable avec celui-ci ; comme de la combinaison de deux corps simples il résulte un mixte dont les propriétés ne se trouvaient dans aucun de ceux-là ; comme la figure humaine est un composé de droites et de courbes que la géométrie ne pouvait prévoir : de même, à un degré supérieur encore, les matériaux que le Créateur met en œuvre, et que nous désignons sous les noms de matière et de force, produisent, par l’infini de leurs combinaisons, des séries toujours imprévues, toujours indépendantes.
236. La gamme des sons, comme celle des couleurs, est septénaire ; les vertèbres du cou de l’homme sont au nombre de sept ; les articulations de la queue de l’écrevisse, sept ; dans plusieurs plantes, les pétales, les lobes, les étamines, etc., aussi sept. Devons-nous croire, pour cela, que la loi physique de la lumière et des sons est la même que la loi physiologique de l’homme, de l’écrevisse et des fleurs ? Et sommes-nous en droit de présumer en conséquence que la gamme inconnue des saveurs et des odeurs est aussi de sept ?
Il ne suffit pas de rapprocher deux séries de physionomie en apparence semblables, pour être en droit de poser aussitôt cette conclusion : Donc ces séries ont même principe, même loi. Voici