deux sources thermales dont la température, les qualités et propriétés sont les mêmes : allons-nous induire en vertu de cete analogie, que la force qui les fait jaillir est aussi la même ? Mais l’une vient d’une contrée montagneuse, dont les eaux, après avoir pénétré dans les terres à une grande profondeur, viennent rejaillir en siphon ; tandis que l’autre est chassée au dehors par la force élastique des gaz qui soulèvent les eaux souterraines.
Il y a deux siècles, avant la découverte d’Uranus, de Neptune et des planètes microscopiques, on n’aurait pas manqué de citer, en faveur de la septénarité dont nous parlions tout à l’heure, les sept astres qui composent notre système : voilà comment, à mesure que l’observation s’étend, les analogies disparaissent.
237. Puisque, par l’hypothèse, l’analogie est l’identité, quant à la cause et à la loi, de deux séries dont la matière seulement ou le sujet diffère, pour que l’analogie soit admise, il faut que cette identité de cause et de loi soit démontrée ; il ne suffit pas, je le répète, d’un simple rapprochement. Pourquoi l’égalité de nombre des vertèbres du cou entre l’homme et les autres mammifères est-elle plus qu’une analogie ? Parce que cette ressemblance organique fait partie d’une série appréciable, dans laquelle, à défaut de la connaissance du principe et de la raison, nous avons sous les yeux le sujet sérié lui-même, lequel se compose de tous les mammifères. Or, des hommes, des queues d’écrevisses, des couleurs et des pétales, tout cela ne forme point série : ce n’est rien d’intelligible.
238. L’analogie a de tout temps alimenté les spéculations des mystiques, les rêves des théosophes et des illuminés : c’est elle qui leur a suggéré sur Dieu, sur la nature et l’homme tant d’extravagantes conjectures, et qui souvent égare, à leur insu, les intelligences les plus sévères et les plus positives. De nos jours, il s’est trouvé un homme qui a prétendu hautement relever l’analogie et en faire une science : ses idées ont fait grand bruit dans une certaine classe de réformistes, trop prétentieux pour se soumettre au sens commun et penser comme le vulgaire. Malheureusement ce révélateur s’est borné à quelques allégories plus ou moins ingénieuses, que ses disciples se sont contentés d’admirer, sans pouvoir ni les expliquer ni en augmenter le nombre.
Kepler croyait que les astres étaient des corps doués d’intelligence et de vie : Fourier, s’emparant de cette idée, leur accorde de plus la fécondité et en fait des hermaphrodites.
Les corps célestes décrivent des aires proportionnelles aux temps : Fourier, étendant cette loi de physique à l’ordre moral, pose le principe, devenu aphoristique pour ses adeptes, bien qu’il