- Jugement, faculté de prononcer sur la convenance et la disconvenance des idées.
- Nombre, concept donné par la comparaison des idées.
- Série, concept général de la synthèse des idées.
- Modalité, concept général des formes, propriétés, et puissances de la série.
- Relation, signe des rapports des êtres et de leurs attributs, des causes et de leurs effets.
- Science, description des lois et rapports des êtres.
- Gouvernement, synthèse de la société, par la répartition du travail et la distribution du produit.
Chacune de ces colonnes est comme une famille d’idées frappées au même coin et présentant le même caractère.
C) La progression entre les termes du tableau n’existe pas seulement dans les groupes horizontaux et dans les colonnes ; elle se retrouve encore d’un ternaire à un autre ternaire, de manière que le premier terme du groupe inférieur résume les termes du supérieur.
Ainsi, dans ces quatre termes, Matière, Vie, Esprit, Sensibilité, la progression est continue : en effet, par quoi se manifeste d’abord l’union organique des trois principes ? par la sensibilité. Lapides crescunt, vegetalia crescunt et vivunt, animalia crescunt, vivunt et sentiunt, dit Linnée. Cela signifie qu’il y a de la matière dans les pierres ; de la matière et de la vie dans les plantes ; de la matière, de la vie et de l’esprit dans les animaux. La sensibilité, la faculté de sentir est la première chose qui sépare le règne animal du végétal : quel que soit le principe, réel ou formel, de cette faculté, nous appelons ce principe, Esprit.
De même, la mémoire résulte de l’union synthétique de la sensibilité, de l’activité et de la liberté, ou conscience. Lorsque par la pensée le moi se distingue et se saisit lui-même, il se reconnaît d’abord à sa permanente identité. Or la permanence du moi dans la succession des idées constitue proprement la mémoire.
La même chose a lieu pour les concepts : la substance n’est, pour la pensée, que la synthèse des trois conditions formelles de l’intuition sensible, espace, temps, nombre ; c’est-à-dire quelque chose qui est étendu, qui dure et se mesure. En passant au ternaire suivant, la quantité est un prédicat de la série (composée d’éléments ou d’unités).
Au-dessous du concept de modalité commence la division des connaissances humaines, dont le langage, le travail, et la société forment les ordres majeurs et parallèles, ordres qui, par conséquent, ne présentent plus de l’un à l’autre cet enjambement.