b) A côté de l’ambition, passion vague et indéterminée, Fourier place l’amitié, l’amour et le familisme, trois déterminations objectives de cette autre passion plus générale, l’amour. Nouvelle confusion du genre et de l’espèce, nouvelle perturbation de la série.
M. Hippolyte Renaud définit l’ambition : affection corporative, ligue pour la gloire et l’intérêt. Quelle est, d’après cela, la différence caractéristique qui sépare l’ambition de la cabaliste, dont nous parlerons tout à l’heure ?
Au surplus, Fourier paraît avoir réduit les affectives aux quatre espèces que nous venons de voir par suite d’une méprise grammaticale prenant le mot affectus, affection, c’est-à-dire mouvement de l’âme, ou simplement passion, au sens restreint et métonymique d’amour pour les personnes, de sympathie ou sociabilité.
c) Jusqu’ici les passions mentionnées par Fourier ont été, tantôt des facultés du corps ou de l’âme, tantôt des mouvements de la volonté vers les objets de l’intuition. La papillonne n’est rien de tout cela ; c’est un besoin. Il faut, dit Fourier, pour que l’attrait soit conservé dans le travail, en varier l’objet et la forme, ne pas prolonger les séances, exercer tour à tour les puissances de l’être, afin de le conduire à son développement intégral. Je conviens, toutes réserves faites relativement au mode d’application, de la justesse de ces remarques. Mais par quel procédé de généralisation le besoin de changement et d’alternance, besoin en lui-même négatif, est-il assimilé aux attractions positives et objectives des sens et du sentiment ?
« La papillonne n’est évidemment que satiété et besoin relativement à deux objets de passions, c’est-à-dire tout simplement succession d’une passion à une autre : ce n’est pas une passion particulière, mais une pure idée. L’inconstance par elle-même n’est pas une passion, parce qu’elle n’a pas d’objet : c’est une conséquence idéale d’un double fait, de la satisfaction d’un besoin et de la naissance d’un autre. Rien donc en cela de primitif,
« La cabaliste est la rivalité et l’émulation : mais ces deux sentiments ont leur raison, le premier dans l’ambition, la cupidité, par conséquent dans les passions de luxe ; et la rivalité n’est plus dès lors que l’une de ces passions, ou toutes ces passions réunies, qui cherchent à triompher d’un obstacle. Quant à l’émulation, elle tient ou au respect relatif de soi-même, ou à l’estime de l’opinion, ou à ces deux choses à la fois. Ce n’est donc pas une passion primitive et spéciale, mais la conséquence d’une ou de plusieurs autres passions, ou plutôt vertus sociales, qui ne figurent point dans la liste de Fourier, quoiqu’elles soient primitives.