de baladins que notre France constitutionnelle ; leurs armées fiscales ne cédaient point aux nôtres ; la loi du sabre y sanctionnait au besoin la volonté du monarque ; les grands dignitaires, faisant cortége à sa majesté, ne manquaient pas. Mais, tandis que la nation tout entière, divisée en catégories de producteurs et de fonctionnaires, aurait dû être tout à la fois le sujet et l’objet du gouvernement, former un corps où tout fût nerf, tendon, ligature, organe : c’était une masse inerte, sans cohésion, et qui n’avait pour lien que la terreur du prince, l’intérêt et la fidélité de ses officiers.
Je ne grossirai pas cet article de relations égyptiennes, chinoises[1], hindoues, persépolitaines, ou autres : cette érudition est à la portée de tout le monde ; il suffit d’indiquer ici le point de vue sous lequel nous devons étudier l’histoire. La division du pouvoir dans les anciennes monarchies, toute restreinte et entachée d’abus qu’elle fût à son origine, était cependant conforme aux principes généraux de la science. Trop faible pour consolider de telles masses, elle laissait flotter le foyer de l’empire d’un point à l’autre ; et telle est la raison de ce flux de monarchies orientales, qui tour à tour réunirent en un seul faisceau les mêmes nations, et dont le vice radical est exprimé dans ce vers si connu : …… Chaos, rudis indigestaque moles.
494. En Grèce, pays de démocratie, même système de division des pouvoirs, même dédoublement de la puissance souveraine. Bornons-nous à l’Attique.
Après la mort de Codrus, le peuple ne veut reconnaître d’autre souverain que lui-même. Les Athéniens sont tous rois, s’écrie, dans Eschyle, un Grec enthousiaste. Mais tous ces rois ne pouvaient exercer l’autorité : il fallait pour cela deux choses, division du pouvoir et renouvellement des magistrats. Or, pour diviser régulièrement la royauté collective des Athéniens, une chose encore était nécessaire : c’était de faire ressortir l’unité, la personne collective, si j’ose dire, du peuple athénien, c’est-à-dire du roi. Cela fait, il était aisé de la dédoubler, spécialiser et définir.
Le peuple donc choisissait chaque année cinq cents citoyens[2],
- ↑ Sous le règne de Chun et de Yu, le ministère à la Chine était ainsi divisé : 1. Agriculture ; 2. Instruction publique ; 3. Justice ; 4. Travaux publics ; 5. Domaines ; 6. Rites ; 7. Musique ; 8. Censure. À la tête était un instigateur des ministres. Le régime féodal, établi à la Chine à cette époque (2205 av. J.-C), ne permit pas d’abord d’opérer la centralisation que promettait une telle distribution. — Pauthier, Chine.
- ↑ Sur 20,000 citoyens, environ, dont se composait le peuple libre d’Athènes, c’était un représentant pour quarante.