poulets sacrés, et Cicéron prenait les augures. Le sphinx deviné, l’homme cesse de le haïr en cessant de le craindre.
65. Les efforts des prêtres pour accorder la foi avec la raison et donner à leurs dogmes une apparence de solidité, n’ont servi qu’à mettre en évidence les embarras de leur cause et la faiblesse de leurs moyens. Résumons quelques-uns de leurs arguments.
a) La Religion, disent-ils, est un fait constant, universel ; une chose non inventée, mais créée avec l’homme, existante par cela seul qu’il existe : donc la religion est nécessaire, indestructible. — Cette argumentation est commune aux prêtres et à certains novateurs, qui, désabusés du catholicisme et de toutes les religions connues, rêvent d’une religion nouvelle.
Erreur de critique : la Religion, première forme de la pensée humaine, sorte de préparation à la science, ne tend pas à vivre, mais à mourir. Pour apprécier sa nature transitoire, il faut considérer, non l’universalité de son existence, mais l’universalité de son dépérissement.
b) L’idée de Dieu et de ses attributs est le principe de toute religion : or cette idée ne s’acquiert ni par les sens, ni par induction ; elle nous est révélée de Dieu même. Donc la Religion est divine.
Erreur de fait : l’idée de Dieu est d’autant plus grossière qu’on la prend de plus haut dans la Religion ; elle s’épure, au contraire, à mesure que la philosophie l’en éloigne. La révélation complète de l’idée de Dieu n’est point à l’origine des religions, mais à leur fin.
c) Toute la nature est pleine de mystères : pourquoi reprochera la Religion d’avoir aussi les siens ? — Cette analogie a paru si convaincante, qu’on l’a développée à l’infini.
Oubli des faits : nous ne connaissons pas la cause du mouvement, mais nous le voyons ; nous ne savons pas comment un être organisé en produit un autre, mais nous sommes témoins de cette génération. Or qui a vu la génération du Verbe, et la procession de l’Esprit ? qui a constaté la virginité de Marie ? qui nous garantit la présence réelle ?
d) Les prophéties, les miracles…
Erreurs de faits : on sait aujourd’hui que les prophéties se réduisent à des phrases métaphoriques, mal entendues, mal traduites, détournées de leur application, quelquefois même à des interpolations et des fraudes pieuses. On sait comment se forment les mythes, comment se fabriquent les légendes, comment s’orga-