Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/217

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jective, dans son principe, dans son objet, dans sa fin.

Comment donc, en vertu de cette loi de subjectivité, allons-nous délimiter des rapports dont l’objet n’est pas nous ; décréter, statuer et légiférer sur la possession, les ventes et achats, le prêt, le louage, l’impôt, les prescriptions, les hypothèques, les servitudes, etc. ? Comment passer du subjectif à l’objectif, et, en vertu du droit au respect, définir le droit au travail ou le droit de propriété ?

Ce n’est pas tout.

Lorsqu’on observe la pratique des nations, on s’aperçoit que les forces économiques, le travail, l’échange, le crédit, la propriété, considérées en elles-mêmes, dans leur libre manifestation et antérieurement à tout contrat, sont soumises à certaines lois indépendantes de la volonté de l’homme et par conséquent de sa Justice. Citons en exemple la loi de l’offre et de la demande. Ces lois ne peuvent être méconnues sans nous exposer à de funestes mécomptes : leur étude est la condition préalable de toute bonne législation.

Or, quand nous connaîtrons le fort et le faible de l’économie sociale, irons-nous, au nom de notre Justice immanente, en combattre la fatalité, ou bien y soumettrons-nous notre dignité ? L’homme, l’être par excellence intelligent et libre, le roi de la nature par ses hautes prérogatives, devra-t-il lutter contre la raison des choses ou s’engloutir dans leur organisme ?

Un espoir nous reste. Comme toutes les vérités sont sœurs, peut-être la même conciliation que nous avons trouvée par la Justice entre l’homme et l’homme existe-t-elle entre les prescriptions de l’ordre juridique et les lois de l’ordre économique. Quel est alors cet accord entre le sujet et l’objet, entre l’esprit et la matière, entre la Justice et la fatalité ? Quelles concessions les deux principes vont-ils se faire ? Quelle transaction entre puissances