Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/28

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côtés de la Manche. Ils ont prêché la raison du hasard, la souveraineté de l’antagonisme, le respect du parasitisme, la nécessité de la misère ; ils ont appuyé, de toutes leurs forces, contre la démocratie et contre le Pouvoir, la prépotence des grandes compagnies, et par leur défense désespérée du monopole, servi de parrains à la féodalité nouvelle. Puis, quand ils se sont vus dénoncés comme intrigants, hypocrites, ennemis du peuple et agents de l’étranger, ils ont crié au loup ! sur la Révolution.

Littérature. — Comme elle avait sa métaphysique, son éthique, son économie, sa jurisprudence, la Révolution devait avoir aussi sa littérature. Le mouvement commence à Jean-Jacques Rousseau, se continue par Beaumarchais et Bernardin de Saint-Pierre. Les harangues de la Constituante, de la Législative et de la Convention l’élèvent jusqu’au sublime ; les Ruines de Volney sont inspirées du même souffle. Ses ennemis eux-mêmes prennent le diapason : l’antithèse de la Révolution fit tout le génie de De Maistre. Tout à coup, par un de ces revirements si fréquents dans la marche de l’esprit humain, la nouvelle muse quitte son drapeau. Aux réalités sévères, mais incomprises, d’un monde naissant, elle préfère, pour sujet de ses chants, l’idéal vaincu, et nous avons le Romantisme. Nous a-t-il assez fait de mal ? C’est lui qui, en 1848, à la veille des élections de décembre, reprochait aux socialistes que s’ils devenaient les maîtres ils démoliraient Notre-Dame, et des morceaux de la Colonne feraient des gros sous… Maintenant, le romantisme, comme l’économisme, comme le philosophisme, et