Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vice, a pour conséquence de plus en plus approchée l’égalité en toutes choses. Elle seule produit la stabilité dans l’État, l’union dans les familles, l’éducation et le bien-être pour tous, d’après l’axiome 5, la misère nulle part.

L’application de la Justice à l’Économie est donc la plus importante des sciences. L’ordre du développement intellectuel voulait que ce fût la dernière.

XXVIII

Ouvriers et Maîtres.

De temps immémorial la classe des producteurs s’est divisée en deux sections, les ouvriers et les maîtres.

Comment ceux-ci sont-ils nés de ceux-là ? De la même manière que le despotisme naît sans cesse de la démocratie. En tant qu’il appartient au règne animal, l’homme obéit à des instincts divers, que la Justice a pour but de redresser, et dont l’un des plus puissants est celui qui pousse la multitude à se donner des patrons, des commandants, imperatores, {{lang[grc|τυρἀννους}}, absolument comme les chevaux sauvages et autres espèces dites sociables, qu’on pourrait aussi bien nommer serviles.

Le christianisme a reçu cette division, qui ne lui a fait faire aucune réserve. Il s’est contenté de recommander aux serviteurs d’obéir à leurs maîtres, aux maîtres d’être bienveillants pour leurs ouvriers : ce qui n’exigeait certes pas un grand effort de génie et n’a pas dû fatiguer beaucoup la sainte Sagesse.

La Révolution, qui la première posa en 1789, avec le principe d’Égalité, le droit au travail, n’a pas voulu semer la haine entre les citoyens en jetant ex abrupto l’interdit sur cette distinction séculaire. Elle s’est contentée d’abolir les priviléges corporatifs, le privilége de maîtrise, d’assurer la concurrence, et de laisser faire au temps.