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entre les valeurs, puis entre les forces économiques proprement dites, elle existerait, ipso facto, entre celles-ci et les forces naturelles : j’expliquerai tout à l’heure cette équation. Malthus et l’Académie des Sciences morales soutiendront-ils que cette balance préalable est inutile ; que la différence des milieux ne change rien au phénomène ; que la science économique n’admet pas les anomalies, les subversions, les perturbations, les monstres ?…

Passons à la seconde proposition.

Après avoir dénoncé la tendance au doublement de la population dans une courte période, Malthus signale un fait bien autrement épouvantable : c’est que tandis que la population suivrait, si rien ne s’y opposait, une progression géométrique, l’accroissement des subsistances n’aurait lieu que selon une progression arithmétique.

J’admets encore ce fait, au même titre que j’ai admis tout à l’heure la tendance, c’est-à-dire comme un résultat empirique de l’observation.

Mais je réitère ma demande : ce fait est-il normal ou anormal ? Nous donne-t-il l’expression exacte du développement de la richesse, comparé à celui de la population, dans un milieu régulier ? ou ne faut-il pas y voir un nouveau phénomène de subversion, résultant de l’inégalité générale ?

Il est démontré que la balance entre les parties du livre social n’existe nulle part ; que partout il y a erreur, fraude et rapine ; que l’inégalité des conditions et des fortunes, supposée naturelle et providentielle, résulte au contraire de la violation de la Justice dans les rapports économiques ; enfin, que c’est l’absence de Justice dans la répartition des produits, le défaut de balance dans les transactions et les comptes, qui empêche le développement des forces économiques, arrête la production et crée le déficit. Tout cela est aujourd’hui prouvé ; Malthus et son école